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Le Petit Coin Lecture


DrunkenPenPen

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Livre 📖  hautement intellectuel !

#Lecture2plage

 

Dieu est argentin (pour les argentins ... & Messi a mis tellement de temps à rentrer dans le cƓur des argentins). 

 

Je recommande les passages sur les <> Coupes du monde, c est interessant et assez triste finalement.une exclusion pour un contrÎle positif dont je ne connaissais pas les détails comme quoi le diable est dans le détail parfois ... mais qd on est Dieu ... le combat est quotidien. 

 

Anecdotes du point de vue du préparateur physique de Dieguito. J ai découvert des petites choses. Pour bien l apprecier il faut toutefois bien connaitre le personnage et sa vie

 

 

 

 

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Cet article est tiré de Philosophie magazine (numéro 177).

“Comment puis-je Ă©veiller mes enfants Ă  la beauté ?” de Charles PĂ©pin (j'adore sa maniĂšre de traiter des dilemmes "Ă©thiques")

 

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"LE DILEMME DE VIRGINIE
« Je bataille avec mes enfants pour les exposer à de beaux films, à de belles peintures, à de belles musiques, à de la bonne nourriture, mais ils sont sans cesse attirés par la laideur. Que faire ? Pour avoir conscience de la beauté, faut-il rencontrer et connaßtre la laideur ? »

 

LA RÉPONSE DE CHARLES PÉPIN 

Je commencerais, chĂšre Virginie, par une question : qu’appelez-vous exactement « laideur » ? Vos enfants reconnaissent-ils cette laideur comme telle ou essaient-ils de vous convaincre de la beautĂ© de cette « laideur » ? 

 

S’ils jugent cette laideur belle et sont capables d’argumenter, et surtout s’ils argumentent en partant de leurs Ă©motions, de leurs sentiments, et non de la norme en vigueur ou du goĂ»t dominant, alors je dirais que rien n’est perdu ! L’expĂ©rience esthĂ©tique commence en effet dĂšs lors que le sujet est capable de s’écouter, de faire confiance Ă  son libre jugement. C’est ce que montre Emmanuel Kant dans la Critique de la facultĂ© de juger : lorsque nous affirmons que « c’est beau », nous nous rĂ©fĂ©rons Ă  ce que la beautĂ© crĂ©e en nous, non Ă  des arguments objectifs. À partir du moment oĂč vos enfants sont capables de poser ce type de jugement esthĂ©tique, d’affirmer que « c’est beau » en se rĂ©fĂ©rant Ă  ce que la beautĂ© leur fait – et non Ă  ce qui « ferait » le beau objectivement –, je crois que vous pouvez dĂ©jĂ  ĂȘtre rassurĂ©e. Cela signifie qu’ils ont un sens esthĂ©tique, et qu’ils pourront, plus tard peut-ĂȘtre ĂȘtre sensibles Ă  d’autres types de beautĂ©. Si vous craignez que leur jugement soit dĂ©terminĂ© par la norme en vigueur dans leur classe d’ñge ou par quelque effet grĂ©gaire, alors n’hĂ©sitez pas Ă  leur demander ce que cette beautĂ© leur fait, comment ils la reçoivent, s’ils sont bien Ă  l’origine de leur jugement de goĂ»t. Bref, si vous voulez enseigner Ă  vos enfants le sens du beau, apprenez-leur d’abord Ă  ĂȘtre Ă  l’écoute de leurs Ă©motions, de leurs sentiments, plutĂŽt que de leur prĂ©senter des Ɠuvres « objectivement » belles. Vous pourriez d’ailleurs aussi vous demander quel est votre propre rapport Ă  la beautĂ© lorsque vous Ă©voquez « de beaux films, de belles peintures ou de belles musiques » : s’agit-il lĂ  de votre goĂ»t ? D’un goĂ»t universellement reconnu ? C’est, je crois, davantage en vous rĂ©fĂ©rant Ă  votre goĂ»t, Ă  ce que la beautĂ© vous fait Ă  vous, plutĂŽt qu’à un prĂ©tendu bon goĂ»t objectif ou universel, que vous pourrez ĂȘtre entendue de vos enfants – ou au moins les intriguer, leur donner envie d’aller y voir. 

 

Mais n’interprĂ©tez pas mal mon propos. Je ne pense pas que toutes les Ɠuvres se valent et comprends trĂšs bien que vous vouliez que vos enfants rencontrent des Ɠuvres belles ou sublimes. C’est pourquoi je vous propose aussi une autre mĂ©thode pour favoriser la rencontre de vos enfants avec la beauté : laissez-la traĂźner partout pour qu’ils tombent dessus
 « par hasard » ! Cela marche souvent mieux que les grands discours
 Vous adorez tel peintre ? Laissez un livre ouvert sur une reproduction de l’un de ses chefs-d’Ɠuvre sur la table du salon. Peut-ĂȘtre qu’un de vos enfants tombera dessus, y sera sensible et vous questionnera Ă  son sujet. Vous aimeriez que vos enfants dĂ©couvrent tel titre d’un chanteur ou tel morceau de musique classique ? Mettez-le Ă  fond et faites exprĂšs de l’oublier en partant faire les courses ! Votre enfant vous demande votre portable ? Donnez-lui en ayant lancĂ© au prĂ©alable la vidĂ©o de Joshua Bell, l’un des plus grands violonistes de tous les temps, jouant dans le mĂ©tro de Washington dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale
 

 

Sachez enfin que votre influence sur les goĂ»ts de vos enfants est somme toute limitĂ©e : c’est peut-ĂȘtre difficile Ă  accepter mais c’est plutĂŽt une bonne nouvelle. Vos enfants ont des parents mais aussi des amis, des professeurs, des amoureux, des amoureuses, et toutes ces influences s’entrelacent de façon imprĂ©visible. À l’adolescence, on est souvent bien plus rĂ©ceptif Ă  une dĂ©couverte musicale venue de son rĂ©cent coup de foudre amical plutĂŽt que d’un de ses parents
 Les rĂ©seaux sociaux et les plateformes musicales proposent sans cesse Ă  vos enfants de nouvelles Ɠuvres, de nouveaux goĂ»ts potentiels, de nouvelles dĂ©couvertes. Peut-ĂȘtre qu’un jour, c’est l’un de vos enfants qui vous ouvrira les yeux sur la beautĂ© d’une Ɠuvre que vous ne connaissez pas ! Votre question le montre : vous essayez de faire au mieux pour Ă©duquer vos enfants, les guider vers le beau
 Mais n’oubliez pas Ă©galement de leur faire confiance !"

 

https://www.philomag.com/articles/comment-puis-je-eveiller-mes-enfants-la-beaute-charles-pepin-repond-vos-dilemmes

 

 

 

 

 

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Voici un livre que je vais m'acheter pour mon anniversaire :

Techniques d'animation pour le dessin animé, l'animation 3D et le jeu vidéo

de Richard Williams, l'homme aux 3 Oscars (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?).

 

Le livre apprend, pas à pas, comment réussir une animation fluide et efficace, tout en soulignant les erreurs à ne pas commettre... et Richard Williams raconte son aventure qu'a été l'animation, nous raconte ses anecdotes sur les animateurs légendaires de Disney, Tex Avery... avec qui il a travaillé.

C'est une sorte de bible de l'animation.

 

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Et voici une petite animation des personnages de la couverture du livre trouvée sur le web :

 

 

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“Dois-je laisser ma fille s’habiller comme elle le veut ?”

Charles Pépin répond à vos dilemmes

Article issu du Philosophie magazine n°181, rédigé par Charles Pépin le 08 juillet 2024.

 

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LE DILEMME DE LAETITIA
« Ma fille de 14 ans s’apprĂȘtait Ă  sortir faire des courses avec ses copines.
Il faisait trĂšs beau, et elle portait un mini-short en jean blanc et un petit crop top rouge, trĂšs dĂ©colletĂ©. Elle ne s’en rendait pas compte, mais cette tenue soulignait beaucoup ses formes. C’était davantage une tenue pour la plage que pour la ville. Au moment de lui en faire part, je n’ai pas osĂ©. D’un cĂŽtĂ©, j’avais envie de lui dire que cette tenue pouvait sembler indĂ©cente, Ă©veiller le dĂ©sir des hommes – je pensais Ă©videmment au risque d’ĂȘtre embĂȘtĂ©e dans la rue, voire d’ĂȘtre agressĂ©e. J’avais envie de lui demander de se changer et de lui apprendre Ă  “faire attention”. Mais je savais qu’inviter ma fille Ă  “faire attention”, Ă  rester “discrĂšte”, revenait Ă  reproduire cette logique patriarcale demandant aux femmes de s’effacer et non d’ĂȘtre fiĂšres de leur fĂ©minitĂ©, de leur puissance ou de leur beautĂ©. Et je savais d’ailleurs ce que ma fille allait me rĂ©pondre : “C’est les garçons qu’il faut Ă©duquer ! Si la simple vue d’un short en jean les rend fous, c’est leur problĂšme, pas le mien. Je m’habille comme je veux !” J’étais d’accord avec elle, mais cela ne rĂ©glait pas le problĂšme
 J’avais bien sĂ»r l’idĂ©e qu’elle pouvait s’affirmer autrement que par ses vĂȘtements. Mais elle le sait dĂ©jĂ , elle qui lit un livre par jour et est politisĂ©e. Alors, que faire ? »

 

 

"La réponse de Charles Pépin

 

VoilĂ  un vrai dilemme, qui met en jeu la tension paradoxale entre, d’un cĂŽtĂ©, la femme fĂ©ministe, consciente de la reproduction des schĂ©mas inhĂ©rents Ă  la sociĂ©tĂ© patriarcale et, de l’autre, la mĂšre responsable, consciente des risques, connaissant les chiffres effarants du nombre d’agressions sexuelles et de viols, et sachant comment une telle tenue pourrait ĂȘtre « interprĂ©tĂ©e » par ceux qui, parmi les garçons, ne sont prĂ©cisĂ©ment pas encore « éduquĂ©s » au sens oĂč l’entend votre fille. 

 

Comme vous semblez l’indiquer, il y a de fortes chances que votre fille ne cherche Ă  plaire Ă  personne si ce n’est Ă  elle-mĂȘme et qu’elle ait simplement envie de se sentir belle. En lui demandant de « faire attention », voire, pire, en lui demandant de se changer, vous risquez de casser ce joli mouvement de libertĂ© et de dĂ©couverte, par lequel elle expĂ©rimente de nouvelles maniĂšres de s’habiller. Cela reviendrait Ă  dire Ă  votre fille devenant femme que nous vivons dans une sociĂ©tĂ© tellement dĂ©finie par le regard des hommes, par leur dĂ©sir, qu’il est dangereux de sortir dans la rue sans prendre garde Ă  sa tenue et qu’une femme se doit de rester discrĂšte et de « faire attention ». Comme je comprends votre rĂ©ticence
 On voit les risques d’une telle idĂ©e, confirmĂ©e par des siĂšcles de patriarcat : que le fĂ©minin soit dĂ©fini par l’effacement ou la pudeur, et que soient rĂ©servĂ©es au masculin l’affirmation de soi et la libertĂ©. Que votre fille apprenne la rĂ©serve et non l’audace d’ĂȘtre soi, le retrait et non l’affirmation, Ă  avoir peur et non Ă  se sentir puissante. Comment accepter de perpĂ©tuer une telle logique insidieuse de domination ?

 

Et en mĂȘme temps, votre inquiĂ©tude me semble lĂ©gitime. Elle n’a que 14 ans, et votre rĂŽle de mĂšre est certes de lui donner confiance pour partir Ă  la conquĂȘte de son existence mais Ă©galement de la prĂ©venir de certains risques. Je ne sais pas vraiment comment vous pourriez sortir de votre dilemme, mais je crois que vous pourriez au moins lui dire trois choses, qu’elle ne comprendra pas nĂ©cessairement Ă  son Ăąge. Libre Ă  elle, ces trois choses connues, de dĂ©cider de sa tenue. 

 

1. Quel que soit le sentiment de sa libertĂ©, elle doit savoir que nous sommes des animaux sociaux et vivons sous le regard les uns des autres. Qu’on le veuille ou non, tout comportement est donc au moins en partie « adressé ». C’est peut-ĂȘtre pĂ©nible, pesant, mais c’est ainsi : on ne peut pas faire comme si le regard des autres n’existait pas. On cherche toujours plus ou moins leur approbation. Sartre, dans le sillage de Hegel, l’a parfaitement montrĂ©. 

 

2. MĂȘme les plus civilisĂ©s et les mieux Ă©duquĂ©s des hommes, mĂȘme ceux qui sont de parfaites illustrations de l’affirmation de Camus – « Un homme, ça s’empĂȘche » – sont susceptibles de rĂ©agir instinctivement par une excitation Ă  la vue du corps d’une femme adulte. MĂȘme quand cette excitation est canalisĂ©e ou sublimĂ©e, elle existe. Ceci n’est pas un jugement de valeur mais un fait. 

 

3. Pour cette raison notamment, il faut Ă©duquer les hommes, et plus encore les jeunes garçons. Leur enseigner les valeurs d’égalitĂ© et de respect, leur expliquer que le porno vĂ©hicule une fausse image de la sexualitĂ© et du dĂ©sir, et, plus globalement les inviter dans ce grand mouvement, Ă  l’aube duquel nous nous trouvons, de dĂ©construction de la sociĂ©tĂ© patriarcale. Mais cela prendra du temps et nous n’en sommes qu’au dĂ©but. 

 

Bien Ă©videmment, nombreux sont les hommes qui savent vivre leur excitation dans le respect de l’autre, et que notre comportement soit « adressé » ne nous dit pas Ă  qui il est adressĂ©. Votre fille pourra tout Ă  fait vous rĂ©pondre qu’elle « adresse » sa tenue Ă  ses copines ou Ă  des figures du fĂ©minisme, et pas aux hommes – a fortiori pas Ă  ces hommes incapables de maĂźtriser leurs pulsions. Le « problĂšme du short blanc » n’est donc pas vraiment rĂ©solu, et j’ai bien conscience de vous laisser face Ă  votre dilemme. Mais vous avez au moins de quoi ouvrir une discussion, ainsi que quelques Ă©lĂ©ments pas inutiles Ă  votre fille sur le chemin de sa libertĂ©. Elle en fera ce qu’elle voudra. Elle pourra tout aussi bien dĂ©cider de se changer ou vous rĂ©pondre qu’elle vous a bien entendu mais continuera Ă  s’habiller comme elle veut, qu’elle ne veut plus de ce monde qui finit et qu’elle portera son short et son crop top avec d’autant plus de conscience, en pensant Ă  toutes celles, avant elle, qui se sont battues pour leur Ă©mancipation."

 

https://www.philomag.com/articles/dois-je-laisser-ma-fille-shabiller-comme-elle-le-veut-charles-pepin-repond-vos-dilemmes

 

@GOONIES Ça devrait t'intĂ©resser, j'ai cru comprendre que tu avais des "fifilles". D'ailleurs elles ont quel Ăąge ? Et comment s'appellent-elles ?

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Merci pour cette article qui m eclaire 😀 ... je suis dĂ©jĂ  dans ce mode ... avec 1 fifille ... elle fait son ado ... Ă  7 ans 1/2 & crois moi c est important le demi ...

 Un bon petit caractÚre !

Une vraie héroïne de Pagnol ! 

A toi de trouver le prénom... je t ai mis sur la piste si tu aimes les devinettes !

 

Ce soir on inaugure la saison des soirées Pyjama avec apero, bonbons, bolo et ... film ...ah lalala les filles à leur papa 

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  • 2 months later...

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Hors-série Philosophie Magazine "L'Art de bien parler"

La force du non-dit

Nicolas Tenaillon, publié le 08 janvier 2023 (4 min)

 

On peut dire des choses entre les mots. Depuis peu, les linguistes se prĂ©occupent de cette rĂ©alitĂ© aussi ancienne que le langage. Car autant qu’un mot, un silence peut ĂȘtre polysĂ©mique, et diverses les intentions du locuteur qui use de l’implicite. C’est l’art du demi-mot. Quels sont donc les messages qui passent quand ça va sans dire ?

 

Sun Tzu, le cĂ©lĂšbre auteur de L’Art de la guerre qui vĂ©cut il y a deux mille cinq cents ans dans une Chine dĂ©vastĂ©e par les dissensions intĂ©rieures, estimait que les plus belles victoires sont celles qui se gagnent sans bataille. Cette conviction peut-elle s’appliquer Ă  la rhĂ©torique ? Comment convaincre ou emporter une joute oratoire sans puiser dans l’arsenal des arguments sophistiques et autres stratagĂšmes listĂ©s par Schopenhauer dans son Art d’avoir toujours raison [publiĂ© en 1864] ? La rĂ©ponse est peut-ĂȘtre Ă  chercher du cĂŽtĂ© des thĂ©oriciens de la linguistique qui ont su mettre en Ă©vidence qu’entre le silence et la parole explicite, la force d’une argumentation se construit bien souvent dans une zone intermĂ©diaire : celle du non-dit. Explication.

 

Ferdinand de Saussure (1857-1913), fondateur de la linguistique moderne, rĂ©duisait l’analyse du fonctionnement de la langue Ă  ses lois internes, indĂ©pendamment du statut et de l’intention des interlocuteurs. Dans les annĂ©es 1960, Roman Jakobson (1896-1982), qui formula le modĂšle standard de tout schĂ©ma de communication, semblait encore minimiser ce qui n’est pas explicite dans une conversation. Ce sont les partisans du pragmatisme linguistique (John Austin, John Searle, Paul Grice, pour citer les plus connus) qui peu Ă  peu vont investir le champ du « non-dit » et montrer que l’analyse du langage ne peut pas ĂȘtre satisfaisante si elle prend pour seul objet ce qui est exprimĂ©.

"La prise en compte du non-dit a orientĂ© vers une possible manipulation de l’interlocuteur"
 

John Austin (1911-1962) distingue ainsi parmi les actes de langage ce qu’il appelle les « énoncĂ©s perlocutoires » dont la fonction n’est pas directement contenue dans ce qui est affirmĂ© explicitement. Par exemple, si je dis Ă  quelqu’un qui est chez moi : « il pleut », je l’avertis et je suggĂšre, sans le dire, qu’il doit se munir de son parapluie avant de sortir. Cette mise en Ă©vidence de la capacitĂ© du langage Ă  induire des conduites par « sous-entendu » devait ouvrir la voie Ă  une rĂ©flexion plus approfondie sur la possible manipulation intentionnelle de l’interlocuteur.

 

Paul Grice (1913-1988) montre en ce sens que si la logique de la conversation repose sur un « principe de coopĂ©ration » qui veut que, dans un Ă©change idĂ©al, les interlocuteurs fournissent un contenu (loi d’informativitĂ©), sans y ajouter des donnĂ©es superflues (loi d’exhaustivitĂ©) de maniĂšre Ă  ĂȘtre compris (loi de pertinence) et crus (loi de sincĂ©ritĂ©), les conversations rĂ©elles transgressent bien souvent les limites de ce cadre. Si, par exemple, j’informe un ami que « Marie a eu un bĂ©bĂ© et s’est mariĂ©e », l’ordre de l’énoncĂ© peut suggĂ©rer que je dĂ©plore qu’elle ait fait un enfant avant de se marier. Mais peut-ĂȘtre n’est-ce pas mon intention. Grice appelle « implicature conversationnelle » le fait que ce qui est suggĂ©rĂ© peut donner lieu Ă  une interprĂ©tation laissĂ©e Ă  la libertĂ© de l’interlocuteur. Et il observe que plus l’écart est grand entre le sens conventionnel, explicite, et le sens indirect, implicite, qu’on peut prĂȘter Ă  l’énoncĂ©, plus l’auteur de l’énoncĂ© a la possibilitĂ© d’affirmer de bonne ou de mauvaise foi, qu’il n’a pas envisagĂ© le sous-entendu en question.

 

Cet Ă©cart constitue-t-il une marginalitĂ© dans les pratiques du langage ? Pas pour le linguiste français Oswald Ducrot (nĂ© en 1930) qui soutient dans Le Dire et le Dit (1980) que « c’est un trait inhĂ©rent Ă  la langue, et l’un de ses traits les plus constants et les plus fondamentaux, que de permettre aux interlocuteurs d’instituer entre eux un rĂ©seau de rapports implicites ». Distinguant le prĂ©supposĂ©, le posĂ© et le sous-entendu, lequel est toujours niable, Ducrot en dĂ©duit que « comprendre un discours, c’est toujours imaginer des stratĂ©gies ».

 

Quel usage la rhĂ©torique peut-elle faire de cette thĂ©orisation de l’implicite par la linguistique ? La combinaison des possibilitĂ©s qu’offre l’analyse savante des non-dits se rĂ©duit Ă  quatre cas de figure :

-soit le locuteur est bien intentionnĂ© et veut instruire un auditeur lui-mĂȘme bien intentionné ;

-soit il veut convaincre son interlocuteur qui, lui, est de mauvaise volonté ;

-soit l’énonciateur est mal intentionnĂ© et veut duper un auditoire crĂ©dule ;

-soit, enfin, les interlocuteurs sont tous les deux de mauvaise volonté.

*Dans le premier cas, si l’implicite est prĂ©fĂ©rĂ© Ă  l’explicite, c’est pour que celui Ă  qui l’on parle dĂ©couvre par lui-mĂȘme ce dont on veut le convaincre. StratĂ©gie bienveillante qui parie sur l’intelligence de l’interlocuteur pour Ă©veiller sa raison ou son cƓur. JĂ©sus avec ses paraboles illustrerait ce bon usage de l’implicite lorsqu’il s’adresse aux apĂŽtres.

*Dans le second cas, le recours au non-dit a pour but de dĂ©faire les arguments de l’adversaire. Technique qu’affectionne Socrate quand il ironise Ă  l’encontre des sophistes et les pousse Ă  se contredire eux-mĂȘmes pour pouvoir ensuite exposer ses idĂ©es et faire penser ce qu’il a voulu dire.

*La troisiĂšme possibilitĂ© est celle que revendique par exemple Machiavel, lorsqu’il estime que le Prince doit ĂȘtre bon simulateur et dissimulateur pour duper le peuple afin de conserver le pouvoir. La ruse, si elle est lĂ©gitime en politique, requiert l’usage constant d’un langage hypocrite.

*Le dernier cas de figure est enfin celui qu’on observe dans les dĂ©bats les plus envenimĂ©s oĂč s’échangent par allusion les pires coups bas pour salir l’adversaire et ses idĂ©es. Le recours Ă  l’implicite vient alors renforcer les prĂ©jugĂ©s de ceux qui d’emblĂ©e avaient pris parti pour l’un ou l’autre des deux interlocuteurs. Il permet, par exemple, aux racistes ou aux sexistes de se reconnaĂźtre entre eux par un jeu d’allusions que la loi ne peut que difficilement sanctionner.

 

Il y a donc, on le voit, un bon et un mauvais usage de l’implicite en rhĂ©torique. Mais cette polyvalence mĂȘme prouve que le non-dit est assurĂ©ment une force. Force d’autant plus irrĂ©sistible qu’elle est insondable, puisqu’elle trouve son origine dans l’intention masquĂ©e de l’énonciateur dont la bienveillance ou la malveillance ne peut pas ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e par la seule parole entendue.

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(J'adore ce jeu !)

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En quoi les jeux vidĂ©o sont-ils “beaux” ?

Thomas Morisset, propos recueillis par Nicolas Gastineau, publié le 03 juin 2021 (10 min)

 

Richesse des graphismes, modĂ©lisations 3D de haut vol, mondes « ouverts » envoĂ»tants : les jeux vidĂ©o suscitent une expĂ©rience esthĂ©tique intense chez le joueur. Peut-on pour autant parler de « beauté » des jeux vidĂ©o ? Oui, d’aprĂšs Thomas Morisset, qui a soutenu une thĂšse de philosophie sur l’esthĂ©tique des jeux vidĂ©o. Il nous explique notamment comment la rencontre entre un geste technique et un monde imaginaire crĂ©e une expĂ©rience esthĂ©tique inĂ©dite.

 

(Cet entretien a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en partenariat avec Stories, le magazine d’Ubisoft).

Avant de poser la question de la beautĂ© d’un jeu vidĂ©o, faisons ce qu’exige la mĂ©thode philosophique : s’accorder sur la dĂ©finition du mot.

Thomas Morisset : Je m’appuie sur la dĂ©finition d’Emmanuel Kant. Pour lui, le beau n’est pas tant la qualitĂ© d’un objet que le sentiment qui naĂźt d’une relation entre un sujet et un objet. Une personne trouvera tel objet beau en faisant l’expĂ©rience d’un accord sensible avec lui, accord singulier qui ne peut se rĂ©sumer simplement par un concept. La beautĂ© marque toujours une certaine rĂ©sistance du sensible, mais cette rĂ©sistance est heureuse, car elle nous permet de voir les choses sous un autre jour. Et ce sentiment va avoir une qualitĂ© que Kant nomme vivifiante, c’est-Ă -dire qu’elle va augmenter notre impression de santĂ©. Par exemple, il peut y avoir de la beautĂ© dans une chanson triste. Mais on sent bien que quand on Ă©coute une chanson triste, il s’agit d’une tristesse raffinĂ©e, qui nous fait dire « tiens oui, c’est ça aussi la tristesse », sans dĂ©finir rigoureusement ce qu’est la tristesse. Et c’est pour cela que l’on peut dĂ©sirer Ă©couter des chansons tristes : parce qu’il y a quelque chose de vivifiant Ă  entendre un sentiment prĂ©sentĂ© de maniĂšre sensible, ce qui enrichit notre rapport au monde.

Pour Kant, la beauté marque toujours une certaine résistance du sensible, mais cette résistance est heureuse, car elle nous permet de voir les choses sous un autre jour.

 

Pour qu’on ressente de la beautĂ©, il faut aussi que la relation Ă  l’objet soit dĂ©sintĂ©ressĂ©e ?

Oui. Prenons un exemple. J’ai une tasse devant moi. Une relation intĂ©ressĂ©e Ă  cette tasse serait de l’évaluer par rapport Ă  son usage : l’analyser, y voir un contenant et une anse, et me dire « je peux la saisir pour porter le contenant Ă  mes lĂšvres ». Je vois un arbre avec des baies rouges, je suppose qu’elles sont toxiques et je ne les mange pas. À l’inverse, la relation esthĂ©tique, lĂ  oĂč peut advenir la beautĂ©, doit ĂȘtre dĂ©sintĂ©ressĂ©e. Vis-Ă -vis de l’arbre, au lieu de me demander si je peux manger ses fruits, je vais m’attarder sur la petite nuance de vert des feuilles, sur ce rouge qui ne ressemble Ă  aucun autre rouge. J’entre dans une relation esthĂ©tique avec l’arbre, puisque je le considĂšre pour lui-mĂȘme, dans la maniĂšre dont il m’apparaĂźt et non plus dans ce Ă  quoi il sert.

 

Pourtant, dans les jeux vidĂ©o, on est toujours occupĂ© Ă  l’exĂ©cution d’une tĂąche. Comment retrouver ce dĂ©sintĂ©ressement alors qu’un joueur a toujours un objectif, des missions Ă  accomplir, etc. ?

Effectivement. Dans un jeu vidĂ©o, on nous demande constamment d’exĂ©cuter des tĂąches : tirer sur un ennemi, rĂ©aliser une quĂȘte, finir une course automobile, etc.

Le type d’attention mobilisĂ© ne va donc a priori pas ĂȘtre esthĂ©tique, puisqu’intĂ©ressé : il faut ĂȘtre pragmatique, rĂ©agir rapidement, catĂ©goriser trĂšs vite. Cette expĂ©rience-lĂ , c’est ce que j’appelle le jeu fermé : la poursuite de l’objectif et l’enchaĂźnement des actions requises pour l’accomplir.

Mais dans un jeu vidĂ©o, il y a aussi des moments que j’appelle, par opposition, jeu ouvert : quand l’attention du joueur va cesser d’ĂȘtre accaparĂ©e par l’objectif pour s’attarder sur le paysage, la musique ou la narration. Il y a d’ailleurs un genre entier de jeux vidĂ©o, les walking simulators, qui ne proposent que des balades sur le mode du jeu ouvert. L’un de mes favoris est le Sacramento (Dziff, 2016) de Delphine Fourneau qui nous plonge dans un monde de croquis aux couleurs dĂ©licates.

 

Dans le cadre des jeux vidĂ©o, l’expĂ©rience de la beautĂ© ne pourrait donc se faire que dans ces moments-là ?

On pourrait effectivement en conclure que c’est dans le seul jeu ouvert que l’on ressent de la beautĂ©. Mais l’on voit bien que, quand on est joueur, il y a certains mouvements et moments de jeu fermĂ© que l’on a bien envie de qualifier de beaux. Quand on regarde les buts du joueur jstn. sur Rocket League [un jeu de sport], quand on voit une tactique imparable se dĂ©rouler dans Counter-Strike [une cĂ©lĂšbre sĂ©rie de jeux de tir]
 Ou, mĂȘme, plus simplement, quand on assiste Ă  une belle ouverture aux Ă©checs, il y a bien un vocabulaire commun qui qualifie de beau ces gestes-lĂ . A-t-on raison d’employer ce mot ? Je crois que oui. Mais cette expĂ©rience de la beautĂ© diffĂšre de celle de l’esthĂ©tique traditionnelle, parce qu’il s’agit d’une expĂ©rience technique, et qu’il s’agit donc d’une beautĂ© technique. Pour qu’il y ait beautĂ© technique, il faut que survienne, dans la relation intĂ©ressĂ©e qui unit une personne Ă  son outil, sa manette ou sa souris, un jeu entre l’effort et le but : on va apprĂ©cier l’effort fait pour lui-mĂȘme plutĂŽt que comme moyen en vue d’une fin.

Par exemple, je peux planter un clou et me concentrer uniquement sur le rĂ©sultat : il n’y a pas de beautĂ©, juste un plaisir de la rĂ©ussite. Mais, je peux aussi faire attention Ă  la courbe de mon bras, au jeu des forces physiques dans mon mouvement. Je peux ainsi devenir attentif Ă  la richesse sensible de mon mouvement (ou d’un mouvement que je vois) et prendre plaisir Ă  sentir cette richesse sensible : on retrouve ici la beautĂ©, mais sous sa forme technique.

Face Ă  une action particuliĂšrement bien exĂ©cutĂ©e dans un jeu vidĂ©o, on fait l’expĂ©rience d’une beautĂ© qui diffĂšre de celle de l’esthĂ©tique traditionnelle ; parce qu’il s’agit d’une expĂ©rience technique, il s’agit donc d’une beautĂ© technique. Et elle survient d’un jeu entre la personne et son outil, l’effort et le but.

 

Il peut donc y avoir dans les jeux vidéo de la beauté technique, qui est en résumé une exécution qui manifeste la richesse sensible des gestes. Et de la beauté au sens traditionnel, dans les moments de jeu ouvert. Les deux ne peuvent-ils pas se rencontrer ?

C’est tout l’enjeu de mon questionnement. Normalement, ces deux expĂ©riences mobilisent une attention trĂšs diffĂ©rente, et le joueur passe constamment de l’une Ă  l’autre. Il est en train de lire une quĂȘte, qu’il peut Ă©ventuellement apprĂ©cier pour sa qualitĂ© littĂ©raire ; puis, au milieu, une information importante pour progresser s’y glisse : retour du jeu fermĂ©. Sauf qu’il existe des moments oĂč les deux types de beautĂ©s vont pouvoir se renforcer l’une l’autre – c’est ce que j’appelle le beau jeu.

 

Tu donnes l’exemple de Brothers : A Tale of Two Sons (Starbreeze Studios, 2013).

Oui. Dans Brothers
, le joueur dirige non pas un, mais deux avatars : deux frĂšres partis Ă  la recherche d’une fontaine de jouvence pour sauver leur pĂšre gravement malade. Le jeu sĂ©pare la manette du joueur en deux : le joystick et la gĂąchette gauches permettent de dĂ©placer et de faire interagir l’aĂźnĂ©, le joystick et la gĂąchette droites, le cadet. Sauf que, vers la fin, l’un des deux frĂšres meurt. Et dans la sĂ©quence qui suit, le joueur ne contrĂŽle donc plus que la moitiĂ© de la manette. L’impression est trĂšs Ă©trange : une main devient inactive, aprĂšs avoir Ă©tĂ© sollicitĂ©e pendant des heures, et elle s’impose presque comme un poids mort. Par l’immobilitĂ© imposĂ©e Ă  la main, le jeu propose dĂ©jĂ  une façon remarquable de reprĂ©senter le deuil du frĂšre. Une belle illustration de ce que disait Maurice Merleau-Ponty du deuil : « Nous ne comprenons l’absence ou la mort d’un ami qu’au moment oĂč nous attendons de lui une rĂ©ponse et oĂč nous Ă©prouvons qu’il n’y en aura plus. » Ici, de maniĂšre littĂ©rale, le joystick gauche ne rĂ©pond plus. Mais le frĂšre dĂ©sormais seul arrive alors devant une Ă©tendue d’eau. ProblĂšme : il a toujours nagĂ© avec le concours de son frĂšre. Pour rĂ©ussir Ă  traverser, il faut alors avoir la prĂ©sence d’esprit de rĂ©activer sa main inerte et d’utiliser le joystick du dĂ©funt, qui dĂ©clenche son souvenir et offre Ă  nouveau la possibilitĂ© de nager. Cette sĂ©quence est, pour moi, du beau jeu, car elle propose un jeu esthĂ©tique et technique sur la notion de survivance. Du cĂŽtĂ© du jeu ouvert, le jeu met en scĂšne de maniĂšre poignante la survivance des morts. Du cĂŽtĂ© du jeu fermĂ©, le jeu propose une variation technique sur les habitudes du joueur : il fait survivre la commande Ă  la disparition de l’avatar, ce qui fait de ce moment une Ă©nigme originale. Par ce lien, plaisir mĂ©canique et plaisir esthĂ©tique semblent indissociables dans l’expĂ©rience de la beautĂ©.

 

Donc le beau jeu, c’est le moment oĂč la beautĂ© technique rencontre la beautĂ© esthĂ©tique, oĂč le jeu fermĂ© rencontre le jeu ouvert, oĂč la forme et le fond se joignent dans la tĂąche Ă  accomplir ?

Oui. En termes d’expĂ©rience, c’est comme s’il y avait une oscillation trĂšs rapide entre le jeu ouvert et le jeu fermĂ©. Un moment oĂč ces deux modes de la beautĂ© vont ĂȘtre sentis en mĂȘme temps et se renforcer l’un l’autre. Ce qui va crĂ©er une expĂ©rience particuliĂšrement intense, mais Ă©galement fragile. Car trĂšs vite, le jeu fermĂ© reprend le dessus et le joueur quitte cet instant de grĂące pour se remobiliser sur l’objectif. Le beau jeu ne fonctionne donc que par Ă©clat : il est Ă©clatant, car c’est un moment marquant, mais il est aussi Ă©clatĂ©, puisque trĂšs furtif.

Le beau jeu, le moment oĂč la beautĂ© technique du ‘jeu fermé’ rencontre la beautĂ© esthĂ©tique du ‘jeu ouvert’, ne fonctionne que par Ă©clat.

 

Pour montrer ce que le beau jeu peut avoir de dynamique, tu Ă©voques aussi Mirror’s Edge (Dice, 2007).

Dans Mirror’s Edge, le joueur incarne une coursiĂšre, Faith, qui doit courir sur les toits de la ville. Je prĂ©cise que c’est un jeu sans HUD [« heads-up display », en français « affichage tĂȘte haute », soit un ensemble d’informations affichĂ©es Ă  l’écran qui renseignent le joueur sur son personnage ou son environnement, comprenant par exemple le score, le niveau, la direction Ă  suivre, l’état de santĂ© de son personnage, etc.]. Au dĂ©but, les toits de la ville sont trĂšs blancs. Mais Faith a une sorte de sixiĂšme sens, un « sens urbain », qui va colorier certains objets urbains d’un rouge trĂšs vif et saturĂ©, pour indiquer quel est le bon chemin Ă  emprunter. Et ce rouge est beau, Ă  mon sens, quand il est vu en mouvement. Le joueur se dĂ©place, la ville passe autour de lui Ă  grande vitesse, et il n’y a que ces tĂąches de rouge saturĂ© qui passent de place en place. Cet Ă©lĂ©ment va rythmer l’image. Le rouge est Ă  la fois un indicateur du jeu fermĂ© mais il a aussi une qualitĂ© esthĂ©tique, il renforce l’impression de sĂ©rĂ©nitĂ© et de majestĂ© de la ville, et ce sentiment devient d’autant plus intense que le joueur joue de mieux en mieux. Mais pour accĂ©der Ă  cette beautĂ© esthĂ©tique, il faut avoir bien incorporĂ© le mĂ©canisme et le rythme du jeu. Et pendant les sauts, le plaisir mĂ©canique du geste rĂ©ussi donne accĂšs au plaisir esthĂ©tique du jeu des couleurs, qui vient en retour enrichir l’effort technique du joueur qui ressent une certaine sĂ©rĂ©nitĂ© face au parcours risquĂ©. L’aspect visuel est donc perçu Ă  travers le geste, ce qui est l’une des possibilitĂ©s sensibles les plus intĂ©ressantes des jeux vidĂ©o.

 

Il y un autre exemple que tu cites, celui de Race The Sun (Flippfly, 2013), un jeu de course au graphisme trÚs simpliste.

Race The Sun est ce qu’on appelle un endless runner, un jeu de course infinie. Le joueur contrĂŽle un vaisseau Ă  Ă©nergie solaire, et il fait la course contre le soleil. Si le soleil se couche, l’énergie tombe Ă  zĂ©ro, et c’est game over. C’est donc une course vouĂ©e Ă  l’échec. Cette course inĂ©luctable est une allĂ©gorie de la vie, mais la majoritĂ© du temps, puisqu’il est concentrĂ© sur le fait d’esquiver les obstacles, cette dimension allĂ©gorique est occultĂ©e par l’intensitĂ© du jeu fermĂ©. Il y a d’ailleurs une espĂšce de trivialitĂ© de la course d’obstacles qui empĂȘche de porter le sens trĂšs longtemps. Mais, il y a de rares et beaux moments oĂč le joueur rĂ©alise cette relation entre le mode de jeu, le endless runner, et le contenu allĂ©gorique du jeu – le soleil couchant aprĂšs lequel le joueur court dĂ©sespĂ©rĂ©ment. Comment cet instant de grĂące intervient-il ? La rĂ©ponse est toujours singuliĂšre. Peut-ĂȘtre que, rythmiquement, Ă  ce moment prĂ©cis, le joueur vient de rĂ©aliser une esquive gĂ©niale, ou que se prĂ©sente Ă  l’écran une configuration du mouvement qui rappelle soudainement l’allĂ©gorie de la vie, et l’exprime en geste technique.

Pour moi, percevoir l’aspect visuel Ă  travers le geste physique du joueur constitue l’une des possibilitĂ©s sensibles les plus intĂ©ressantes des jeux vidĂ©o.

 

Donc le moment de beau jeu sera propre Ă  chacun ? D’aprĂšs toi, un crĂ©ateur de jeux vidĂ©o peut-il, en Ă©tant conscient de ces instants de grĂące, les susciter par le mariage intentionnel d’un obstacle technique et de la dimension symbolique de l’environnement ?

Par dĂ©finition, dans Race the Sun, les niveaux sont gĂ©nĂ©rĂ©s alĂ©atoirement. Mais dans Brothers
, mĂȘme si les crĂ©ateurs n’avaient pas Ă  l’esprit cette dĂ©finition du beau jeu, l’effet Ă©tait recherchĂ©. Mais effectivement, le beau jeu est une expĂ©rience singuliĂšre – et l’on ne peut savoir Ă  l’avance si ce que le designer met dans son jeu va la susciter. De la mĂȘme façon qu’un romancier n’est jamais certain, Ă  l’avance, de ce qui plaira dans son roman. Le problĂšme des jeux vidĂ©o, c’est qu’il y a parfois un dĂ©calage : l’aspect trĂšs physique et technique de la mĂ©canique n’est pas toujours adaptĂ© Ă  porter le contenu. Et l’on se retrouve parfois avec un bel environnement qui n’est lĂ  qu’en passant, qui n’enrichit pas l’aspect mĂ©canique – ce qui n’est d’ailleurs pas forcĂ©ment un dĂ©faut. Les jeux vidĂ©o obligent Ă  penser l’apprĂ©ciation sensible comme ayant deux domaines distincts : l’esthĂ©tique et le technique. Ce sont ainsi de formidables outils pour apprendre Ă  cultiver ces deux faces du sensible, sĂ©parĂ©ment ou dans cette rencontre fragile et Ă©clatante qu’est le beau jeu.

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  • 4 months later...

Il s'agit d'un article proposé par Windows que j'ai un peu raccourci... ça peut en intéresser certains -si vous avez des jouets Tortues Ninja...

 

"Il existe aujourd’hui un vĂ©ritable business, qui peut en effet vous permettre d’en obtenir une trĂšs jolie somme. Surtout s’il s’agit de jouets dĂ©rivĂ©s de sĂ©ries animĂ©es, comme Transformers ou Mon petit poney. DerniĂšrement d’ailleurs, ce sont plus prĂ©cisĂ©ment les figurines d’une trĂšs cĂ©lĂšbre licence que les collectionneurs s’arrachent : les Tortues Ninja.

Ce sont plus précisément les premiÚres versions, les premiÚres générations commercialisées dans les années 1980 par la marque Playmates, qui sont trÚs recherchées.

La raison : la série animée des Tortues Ninja (sortie en 1987) a fortement influencé leur valeur.

Certains personnages secondaires, peu prĂ©sents dans la sĂ©rie mais produits en faibles quantitĂ©s, comme Scratch the Cat, sont ainsi devenus rares et trĂšs chers.  En comparant les premiĂšres sĂ©ries (1988-1990), celles qui sont plus prisĂ©es, vous pouvez avoir de belles surprises. Certains modĂšles peuvent d’ailleurs valoir une petite fortune. C’est le cas de Scratch the Cat (datĂ© de 1993), qui est l’une des figurines les plus rares et chers de la collection, car produite en trĂšs petite quantitĂ©. Son prix peut atteindre plus de 3000 € en boĂźte scellĂ©e.

Autre figurine rare, souvent vendue entre 1000 et 2000 € , Le Shogun Shoate (datĂ© de 1994).

Les quatre tortues originales (datĂ©es de 1988), Leonardo, Michelangelo, Donatello et Raphael, qui proviennent de la premiĂšre sĂ©rie Playmates peuvent dĂ©passer 500 Ă  1000 € si elles sont sous blister."

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Le 06/04/2025 à 22:25, Aflow a dit :

Peux-tu nous en dire plus sur ce manga ??

 

Ce manga est sorti il y a une dizaine d'années, et traite d'un sujet atypique; la vie d'une famille de bourreaux à l'époque de Louis 16, juste avant la Révolution. 

 

Pour la petite histoire, c'est en flanant dans le rayon manga de Cultura qu'à la vue de cette couverture, je bloque immédiatement; j'me dis "Mais merde, ça me rappelle un animé qui m'avait sacrément marqué à la grande époque de Manga Vidéo (cultissime pour moi ce générique de Sepultura!!!) et cet animé c'est Vampire Hunter D. Un chasseur de créatures évoluant dans un monde post-apocalyptique, c'est classe.

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  • 1 month later...

Article Marie-France il y a 1 jour :

Voici le formulaire Ă  remplir avant le 27 mai pour empĂȘcher le rond bleu de WhatsApp, Facebook Messenger et Instagram d'aspirer vos donnĂ©es personnelles...

 

Meta, maison mĂšre de Facebook, va utiliser vos photos, commentaires et vidĂ©os pour entraĂźner son intelligence artificielle. Heureusement, il existe un formulaire pour s’y opposer.

À peine visible, un simple lien cachĂ© dans les rĂ©glages de vos applications prĂ©fĂ©rĂ©es peut faire toute la diffĂ©rence. En quelques clics, vous pouvez empĂȘcher Meta – la maison mĂšre de Facebook, Instagram et WhatsApp – d’exploiter vos photos, vidĂ©os, messages publics et commentaires pour nourrir son intelligence artificielle.

Mais attention, ce droit d’opposition n’est valable que jusqu’au 27 mai 2025. PassĂ© ce dĂ©lai, Meta considĂ©rera que vous avez donnĂ© votre accord par dĂ©faut. Et vos souvenirs de vacances, vos annonces familiales, vos Ă©changes sur les rĂ©seaux sociaux pourront alors alimenter l’algorithme de l’assistant Meta AI, basĂ© sur la technologie Llama.

 

Pourquoi Meta utilise vos données pour son IA ?

Meta a mis Ă  jour ses conditions d’utilisation pour amĂ©liorer les performances de son assistant d’intelligence artificielle, dĂ©sormais accessible depuis Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp. Son objectif : entraĂźner son IA avec le maximum de donnĂ©es publiques. Cela comprend :

-les photos et vidéos postées sur vos profils ;

-les commentaires laissĂ©s sur d’autres publications ;

-les messages publics sur Facebook, Instagram, Threads ou WhatsApp ;

-les informations publiques comme vos annonces professionnelles, personnelles, familiales


Ces donnĂ©es, accessibles publiquement ou sous licence, sont utilisĂ©es pour affiner les capacitĂ©s de gĂ©nĂ©ration de texte, de traduction ou de rĂ©ponse contextuelle de Meta AI. Pour l’instant, seuls les comptes utilisateurs de plus de 18 ans sont concernĂ©s. Les comptes adolescents ne sont pas encore inclus dans cette collecte, mais cela pourrait Ă©voluer.

 

Comment remplir le formulaire pour protéger vos données personnelles :

ConformĂ©ment au RGPD (RĂšglement gĂ©nĂ©ral sur la protection des donnĂ©es), vous avez le droit de refuser l’utilisation de vos donnĂ©es personnelles par Meta. Ce refus passe par un formulaire officiel accessible dans chaque application. Voici le mode d’emploi dĂ©taillĂ©, plateforme par plateforme :

 

Sur Facebook :

1. Ouvrez l’application Facebook.

2. Cliquez sur votre photo de profil (en haut ou en bas Ă  droite).

3. Sélectionnez ParamÚtres de confidentialité puis Centre de confidentialité ou cliquez ici.

4. Lisez le deuxiĂšme paragraphe de la section dĂ©diĂ©e Ă  l’intelligence artificielle : un lien vers le formulaire y est mentionnĂ© (« opposer »).

5. Cliquez sur ce lien, remplissez le formulaire avec votre adresse e-mail liée à Facebook.

6. Validez : vous recevrez un e-mail pour confirmer votre opposition.

 

Sur Instagram :

1. Rendez-vous sur votre profil puis cliquez sur les trois petits points en haut à droite.

2. Allez dans ParamĂštres > Plus d’infos et d’assistance > Centre de confidentialitĂ©.

3. Faites dĂ©filer jusqu’au paragraphe sur Meta AI, puis cliquez sur « opposer ».

4. Entrez l’adresse e-mail liĂ©e Ă  votre compte Instagram.

5. Vous recevrez un e-mail de validation.

 

Sur WhatsApp :

1. Accédez directement au formulaire en ligne de Meta (ce lien peut varier selon les pays).

2. Remplissez votre adresse e-mail ainsi que le numéro de téléphone associé à votre compte WhatsApp.

3. Envoyez le formulaire et attendez l’e-mail de confirmation.

Attention : Si vous n'effectuez pas cette démarche avant le 27 mai, Meta considérera que vous avez donné votre consentement implicite.

 

Que faire si vous avez déjà utilisé Meta AI sur les réseaux sociaux de Facebook ?

Si vous avez déjà interagi avec Meta AI sur WhatsApp ou Messenger (via la commande @MetaAI), vous pouvez supprimer la conversation :

- Sur Android : appuyez longuement sur la conversation, puis sélectionnez la poubelle.

- Sur iPhone : balayez vers la gauche, puis sélectionnez « supprimer » ou « archiver ».

Mais la mĂ©thode la plus radicale reste de ne jamais cliquer sur l’icĂŽne bleue Meta AI, ni d’y faire appel dans vos discussions.

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WhatsApp : attention, ce réglage activé par défaut rend vos messages accessibles à tout le monde.

Vous pensiez vos discussions protégées ? Ce détail discret dans les paramÚtres suffit à compromettre la confidentialité de vos échanges.Vous pensez vos messages privés ? Ce détail dans WhatsApp prouve le contraire.

 

Les conversations WhatsApp sont censĂ©es ĂȘtre sĂ»res, confidentielles, protĂ©gĂ©es. C’est mĂȘme l’un des principaux arguments de l’application depuis l’introduction du chiffrement de bout en bout.

Et pourtant, un dĂ©tail que peu d’utilisateurs remarquent remet sĂ©rieusement en question cette impression de confidentialitĂ© absolue. Vos messages peuvent bel et bien laisser des traces accessibles, et certains contenus peuvent ĂȘtre consultĂ©s ailleurs que dans votre tĂ©lĂ©phone.

 

Le chiffrement ne protĂšge pas tout :

Certes, les messages envoyés entre deux utilisateurs WhatsApp sont chiffrés. Cela signifie que ni Meta (la maison-mÚre), ni les opérateurs, ni les pirates ne peuvent théoriquement les lire en transit.

Mais cela ne veut pas dire que les messages sont inaccessibles une fois reçus.

Le vĂ©ritable talon d’Achille, c’est
 le stockage local.

Les messages sont dĂ©chiffrĂ©s et stockĂ©s en clair sur votre tĂ©lĂ©phone. Cela signifie qu’en cas :

-de téléphone partagé,

-de sauvegarde automatique non protégée,

-ou de synchronisation via le cloud,


 ils peuvent ĂȘtre accessibles Ă  d’autres yeux.

 

Le piĂšge des sauvegardes :

Voici le dĂ©tail qui annule l’effet "privĂ©" tant vanté :

Si vous avez activĂ© la sauvegarde automatique sur Google Drive (Android) ou iCloud (iPhone), vos messages sont stockĂ©s hors du chiffrement de bout en bout, Ă  moins d’avoir activé le chiffrement des sauvegardes (ce que trĂšs peu d’utilisateurs font).

En clair :

Vos messages, vocaux, photos, fichiers
 sont accessibles aux services cloud. Et en cas de réquisition judiciaire ou piratage de votre compte Google/iCloud, tout est lisible.

Selon une étude du MIT Cybersecurity and Internet Policy Initiative, plus de 75 % des utilisateurs de WhatsApp ignorent que leurs sauvegardes ne sont pas automatiquement protégées.

 

Autres points faibles : notifications, captures et groupes :

MĂȘme sans sauvegarde, vos messages ne sont pas Ă  l’abri si :

-vos notifications affichent le contenu des messages sur l’écran verrouillĂ©,

-vos correspondants prennent des captures d’écran,

-ou si vous ĂȘtes dans un groupe oĂč quelqu’un transfĂšre vos messages Ă  d’autres (ce qui n’est pas dĂ©tectĂ©).

Un message privĂ© n’est privé que si les personnes qui le reçoivent le restent aussi.

 

Comment limiter les risques ?

Voici ce que les experts en cybersécurité recommandent pour renforcer la confidentialité sur WhatsApp :

-Désactiver les sauvegardes cloud, ou activer le chiffrement des sauvegardes (dans les paramÚtres > discussions > sauvegarde chiffrée)

-Verrouiller l’accùs à l’appli avec un code ou une empreinte

-Limiter les aperçus de notifications (paramÚtres > notifications > contenu sensible)

-Éviter d’envoyer des informations sensibles dans les groupes

-Utiliser la fonction “messages Ă©phĂ©mĂšres” pour certaines discussions

 

En résumé :

WhatsApp vous protÚge des intrus extérieurs, mais pas toujours des usages ordinaires.

Le chiffrement donne une illusion de sĂ©curitĂ© totale
 tant que vous ne regardez pas oĂč et comment vos donnĂ©es sont stockĂ©es.

Vos messages ne sont donc pas aussi privĂ©s que vous le pensez — et cela dĂ©pend bien plus de vos rĂ©glages que de la technologie.

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  • 1 month later...

☀Bonjour la communautĂ© RS !!

 

Ça va ? Vous survivez aux tempĂ©ratures ??

 

MĂȘme la mer MĂ©diterranĂ©e est en surchauffe !!

Il y a des bouées qui mesurent en temps réel les températures.

Dans le Var, avec la bouée de Cap Roux (83), on enregistre un pic entre 17h et 18h à 30,6°.

Donc on a dépassé les 30° dans l'eau dans le Var.

OR l'eau met beaucoup plus de temps à se refroidir ou à se réchauffer (c'est ce qu'on appelle l'inertie)

Contrairement : dans l'air, la température peut varier grandement, dans l'eau, non... pas du tout.

 

Ce qui annonce un été dramatique pour la biodiversité, pour tout l'écosystÚme marin et par extension pour nous. 

La mer Méditerranée risque de mettre des mois voire des années à se refroidir...

(Ça fait peur surtout que nous ne sommes qu'au dĂ©but de l'Ă©tĂ©).

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Le 01/07/2025 à 10:29, Aflow a dit :

☀Bonjour la communautĂ© RS !!

 

Ça va ? Vous survivez aux tempĂ©ratures ??

 

MĂȘme la mer MĂ©diterranĂ©e est en surchauffe !!

Il y a des bouées qui mesurent en temps réel les températures.

Dans le Var, avec la bouée de Cap Roux (83), on enregistre un pic entre 17h et 18h à 30,6°.

Donc on a dépassé les 30° dans l'eau dans le Var.

OR l'eau met beaucoup plus de temps à se refroidir ou à se réchauffer (c'est ce qu'on appelle l'inertie)

Contrairement : dans l'air, la température peut varier grandement, dans l'eau, non... pas du tout.

 

Ce qui annonce un été dramatique pour la biodiversité, pour tout l'écosystÚme marin et par extension pour nous. 

La mer Méditerranée risque de mettre des mois voire des années à se refroidir...

(Ça fait peur surtout que nous ne sommes qu'au dĂ©but de l'Ă©tĂ©).

Les coups de chaleur en France va revenir de plus en plus souvent et de plus en plus violemment.

Ceux qui doutent encore du dérÚglement climatique viennent de se prendre le mur de la réalité en pleine face !

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Intéressant cet article ^^ 

@Aronaar @GOONIES @Minou33 @akumasan + tous les membres actifs auxquels je n'ai pas pensé...

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(parce qu'ils sont cupides)

Pourquoi le mouvement “Stop Killing Games” agace autant l’industrie du jeu vidĂ©o ?

Par Pierre Bazin

(Publié le 09/07/2025 à 11h11)

Une pétition d'initiative citoyenne européenne a atteint les 1,2 millions de signatures.

 

À l’origine, c’est un jeu Ubisoft qui a mis le feu aux poudres : The Crew, sorti en 2014, a Ă©tĂ© retirĂ© des serveurs en mars 2024. RĂ©sultat ? MĂȘme les joueurs qui l’avaient achetĂ© lĂ©galement et en physique n’y ont plus accĂšs. Pire : leur copie numĂ©rique a Ă©tĂ© purement supprimĂ©e. C’est de lĂ  qu’est nĂ© le mouvement Stop Killing Games, lancĂ© par le vidĂ©aste Ross Scott (chaĂźne YouTube Accursed Farms). Son objectif : empĂȘcher les Ă©diteurs de rendre inaccessibles des jeux, simplement parce qu’ils jugent leur exploitation terminĂ©e.

Mais aprĂšs un dĂ©but prometteur, le combat semblait s’essouffler
 jusqu’à il y a deux semaines.

 

Un comeback inattendu

Au dĂ©part assez circonscrit, le mouvement a finalement repris d’une curieuse maniĂšre : avec un clash entre crĂ©ateurs de contenu. Ross Scott publie une vidĂ©o baptisĂ©e “The end of Stop Killing Games”, dans laquelle il explique que l’initiative est au point mort, et accuse un autre YouTuber, Jason “Thor” Hall (alias Pirate Software), d’avoir dĂ©tournĂ© le message. Selon Scott, Hall aurait minimisĂ© la portĂ©e du problĂšme en le prĂ©sentant comme une utopie incompatible avec la rĂ©alitĂ© du jeu en ligne.

La vidĂ©o en question a eu un effet inverse : relancer l’intĂ©rĂȘt pour le mouvement. D’autres vidĂ©astes influents comme l’amĂ©ricain penguinz0 ont apportĂ© leur soutien au mouvement avec une vidĂ©o dĂ©sormais vue plus de 3,5 millions de fois en quelques jours. Une pĂ©tition d’initiative citoyenne europĂ©enne “Stop Destroying Videogames” a ainsi Ă©tĂ© créée et elle dĂ©passe aujourd’hui les 1,2 million de signatures. Son objectif ? empĂȘcher les Ă©diteurs de dĂ©sactiver Ă  distance des jeux achetĂ©s, et forcer l’intĂ©gration de modes hors-ligne ou d’outils de reprise par la communautĂ© avant la fermeture d’un jeu.

 

Et il existe déjà des exemples concrets de ces initiatives : Suicide Squad: Kill the Justice League a récemment ajouté un mode solo hors-ligne aprÚs de nombreuses critiques. On peut aussi citer les anciens développeurs du jeu Duelyst qui ont volontairement libéré leur code pour permettre à la communauté de faire vivre leur jeu.

Mais l’exemple rĂ©cent le plus marquant reste Anthem, le shooter d’EA. Sa fermeture de serveurs a Ă©tĂ© annoncĂ©e il y a quelques jours, et l’arrĂȘt du jeu est prĂ©vu en janvier 2026, ce qui signifie que plus personne ne pourra y jouer, mĂȘme en solo. Une disparition totale, Ă  moins d’un miracle de prĂ©servation.

 

Une rĂ©ponse (agacĂ©e) des gĂ©ants de l’industrie

Face Ă  cette mobilisation, les grands Ă©diteurs ont rĂ©pliquĂ©. Le lobby Video Games Europe (qui regroupe Microsoft, Epic, Warner Bros, etc.) a publiĂ© une rĂ©ponse officielle. Leur position : conserver des jeux Ă  tout prix n’est pas viable.

Selon eux, forcer les studios à maintenir leurs serveurs ou à prévoir des alternatives techniques serait trop coûteux, risqué pour la sécurité des données et freinerait la création. Ils affirment aussi investir déjà dans la préservation via leurs archives internes
 comme celle du trÚs critiqué conglomérat Embracer, connu pour ses rachats massifs et ses coupes budgétaires.

 

En atteignant le cap des 1 millions de signatures (et aprĂšs vĂ©rification de l’authenticitĂ© des signataires), l’initiative citoyenne europĂ©enne devra ĂȘtre obligatoirement Ă©tudiĂ© par la commission europĂ©enne.

Le dĂ©bat est lancĂ© : entre droit des joueurs/consommateurs, mĂ©moire du jeu vidĂ©o et logique commerciale, Stop Killing Games remet en question la façon dont les jeux sont pensĂ©s, vendus et traitĂ©s une fois obsolĂštes. Si certains Ă©diteurs acceptent de lĂącher du lest, d’autres prĂ©fĂšrent garder un contrĂŽle total – quitte Ă  effacer des jeux de l’histoire.

Mais avec l’élan actuel et une pression publique qui ne faiblit pas, la bataille ne fait que commencer.

 

(Source : https://www.konbini.com/internet/pourquoi-le-mouvement-stop-killing-games-agace-autant-lindustrie-du-jeu-video/)

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