C'est marrant les hasards, parfois. Je repasse sur le site après 1 an et demi d'absence juste pour trouver un mec qui réagit pile poil un an et demi après son dernier message. Enfin bon, puisque je passe par là, autant te répondre, même si à ce rythme, je ne pense pas recevoir ta réponse avant 2027 au moins (ah, la déchéance des forums... 😌).
Je ne vais pas remettre en cause ton statut de médecin, même si agiter dès le début du message l'argument d'autorité, ça inspire peu confiance. Si tu veux, mon cercle d'amis est essentiellement constitué de personnes LGBT, donc même si je n'ai probablement pas de connaissances aussi techniques que toi, je prétends quand même savoir un minimum de quoi je parle — il en va sans aucun doute de même pour @tagomago qui semble s'être intéressé à la question de la transidentité de par sa sœur. Nous avons donc tous trois en commun le fait de côtoyer et/ou d'avoir côtoyé des personnes trans, ce qui change des dialogues de sourds qu'on trouve souvent sur le net, avec pour acteurs des gens qui n'ont jamais vu de personnes queer ou seulement à travers les médias.
Cela étant posé, je trouve ça incroyablement hypocrite de ta part de nous accuser tous deux (même si tu cites surtout tagomago, mais j'ai vu ta réaction sur mon message) de faire dans l'idéologie alors que ta seule et unique intervention sur le topic était de promouvoir le bouquin Transmania, un livre écrit par des autrices ayant pour obsession d'exclure les femmes trans des mouvements féministes (et le livre est orienté de cette manière.) Pour quelqu'un qui se prétend médecin, c'est curieusement très orienté idéologiquement comme intervention...
Alors il est vrai que mes nombreuses interventions sur le topic étaient relativement peu neutres, toutefois je vois très mal ce qui invalide l'approche médicale dans tous mes messages.
N'est-ce pas que ce que j'ai expliqué depuis le début du topic ? Je vois mal quoi ajouter car, aurais-tu été moins hostile dans ton message, je serais parfaitement en accord avec ça. J'ignore ce que tu veux dire par "véritable dysphorie de genre" (à moins que, selon toi, une partie des personnes transgenres prétendent en souffrir juste pour suivre une mode ? raisonnement que je trouve absurde sachant que les taux de regrets après transition de genre sont encore très faibles à ce jour), mais lorsqu'une personne en souffre, il est en effet important qu'elle reçoive un suivi psychiatrique pour les raisons que tu donnes.
À ma connaissance, c'est ce suivi psychiatrique qui oriente la personne et qui, si le psychiatre juge utile pour elle et qu'elle est prête à mener le traitement jusqu'au bout, lui prescrit les médicaments qui lui permettent d'entamer sa transition de genre. Pour les opérations chirurgicales, j'avoue n'avoir aucune connaissance sur comment ça se passe médicalement, donc je laisse ça aux personnes qui savent mieux que moi.
Oui, transitionner n'est pas facile du tout. Chez certaines familles, avoir l'accord des parents pour transitionner quand on est mineur est impossible. Trouver un psychiatre qui accepte de nous prescrire un traitement peut s'avérer un vrai parcours du combattant, tant la dysphorie de genre n'est parfois pas prise au sérieux au même titre que d'autres troubles psychologiques. Le jugement sociétal est lourd pour les personnes en transition, trop souvent considérée comme "mode passagère". Tout ça est source de souffrance, souffrance qui perdure même tout au long du processus de transition.
Donc, ton ad hominem selon laquelle je "me fous de la souffrance" des personnes transgenres, je le réfute sciemment. Je le vois tous les jours qu'elles souffrent, et un des meilleurs moyens que j'ai à ma disposition pour lutter contre cette souffrance, c'est d'en parler ; essayer de faire se rendre compte aux gens des souffrances que subissent les personnes transgenres qui ne sont pas diagnostiquées à temps. Trop de personnes ne comprennent pas ce qu'est la transidentité d'un point de vue psychologique, et même si je ne suis pas le premier concerné, j'essaie de lutter contre cette méconnaissance.
Ce que je trouve inadmissible, personnellement, c'est les gens qui veulent décrédibiliser ce que ressentent les personnes transgenres en faisant passer leur transidentité comme une "lubie", quand on ne les traite pas carrément d'abominations contre-nature. Pour revenir encore une fois à ce que tu appelles notre "idéologie", à tout hasard, comment appelles-tu les thérapies de conversion — qui, je rappelle, sont littéralement une forme de torture — visant, entre autres, à forcer les personnes à refouler leur transidentité, souvent au nom de la religion ? Forme d'assistance médicale parfaitement valide, ou idéologie elle aussi ?
Je ne t'accuse évidemment pas de soutenir les thérapies de conversion, mais j'espère mettre en lumière le fait qu'on oublie trop souvent que des actes allant à l'encontre des personnes transgenres existent réellement, et que critiquer à tour de bras les groupes qui les soutiennent relève encore une fois de l'hypocrisie à un moment (sauf si on se déclare ouvertement transphobe, mais hé, la plupart préfère se cacher derrière un idéal de "sauvegarde de la civilisation").
En réalité, vouloir séparer à tout bout de champ "idéologie" — ce que j'appellerai plutôt engagement social — et médecine relève un peu de la fantaisie à mon avis. Comme je l'ai dit plus haut, les psychiatres qui refusent de prescrire un traitement hormonal aux personnes transgenres, ça existe réellement. Pourquoi ? Parce qu'iels ne prennent pas au sérieux les souffrances de leur patient. Les mauvais médecins, ça existe ; et je pense que les mouvements sociaux ont beaucoup à voir avec l'évolution de la psychiatrie à ce jour. Les groupes LGBT permettent de lever plus facilement les tabous concernant le changement de genre ainsi que la honte que peuvent ressentir les personnes à l'idée de se faire diagnostiquer — d'où le nombre toujours plus fréquent de transition de genre assistée médicalement : c'est parce que les personnes transgenres osent plus facilement en parler aujourd'hui qu'il y en a davantage qu'avant.
Je pense avoir fait le tour de ce que j'avais à rétorquer à ta réponse tardive — si ce n'est à propos de la pertinence de préciser qu'une partie des personnes souffrant de dysphorie de genre en dehors des 5% que tu cites sont autistes : en quoi cela devrait-il les exclure du pourcentage exactement ?
Je me suis concentré sur ce que j'avais à dire sur les personnes transgenres. Tous.tes ne souffrent pas nécessairement pas de dysphorie de genre, mais ça me semble important d'en parler d'une manière générale quoi qu'il en soit. Je n'ai pas mentionné les non-binaires ou autres groupes faisant partie du spectre LGBTQ+, même si elleux aussi méritent qu'on en parle pour savoir ce qu'iels vivent.
Enfin bon, je ne vais pas m'appesantir davantage ici. C'était sympa de repasser par là, même si je vois qu'absolument rien n'a changé en l'espace d'un an. Sur ce, je retourne dans ma grotte. À l'année prochaine !