Je déprime un peu en ce moment, donc pour me remonter le moral, rien de mieux que d'écrire une review sur un vieux jeu que j'ai aimé ! Si les deux premiers Dragon Warrior ne m'avaient pas marqué plus que ça à cause de leur gameplay tristement surannée, ce troisième opus, lui, se révèle très vite être un petit bijou en terme de RPG classique. En fait, je crois bien qu'on a là affaire au meilleur jeu de rôle tour par tour qu'il est possible de trouver sur NES.

Contrairement au II, on sent ici une véritable volonté de prolonger l'univers instauré dans le premier épisode, en nous faisant incarner — SPOILER ALERT, même si la description de la ROM ne se gêne pas pour vous divulgâcher le scénario — le héros légendaire d'Erdrick au moment de sa naissance. Ainsi, les références au premier jeu ne manquent pas, et l'on ressent une véritable nostalgie lorsqu'on redécouvre la map de ce dernier dans toute sa grandeur — et non plus une version miniature comme dans le II. L'histoire est prenante et, même si la narration paraît bien décousue par rapport à la linéarité du IV, on se surprend à accrocher aux nombreuses péripéties et quêtes secondaires qui ponctuent l'aventure.

En ce qui concerne le gameplay, une fois encore c'est déjà très moderne. Comme l'indique la fiche du jeu, on peut ici composer sa propre team dès le début du jeu, tout en ayant le choix de la changer à tout moment contrairement à Final Fantasy I. Cela offre au joueur à la fois un grand pouvoir de customisation sur sa partie — en lui permettant même de changer la classe d'un compagnon déjà existant une fois rendu à un certain point — et un contrôle plus accru sur les capacités de chaque membre. On n'en est plus comme dans Dragon Warrior II à être obligé de traîner des boulets tout le long de l'aventure, et ça c'est une libération !

Que dire du reste ? La progression se révèle cette fois-ci moins chaotique que dans les premiers opus, et ne nous demandera que rarement de regarder une carte du jeu pour savoir où aller ; les combats sont eux aussi moins frustrants, grâce à une courbe de difficulté hautement mieux gérée et des donjons beaucoup plus agréables à parcourir. ; l'inventaire limité ne pose plus aucun problème grâce à la possibilité de stocker tous les objets acquis dans le château de début de jeu ; l'interface elle-même est plus intuitive, avec la possibilité de check à tout moment la condition (PV & PM) de nos alliés et de retourner à n'importe quelle ville de notre choix grâce à Return (riez, mais ce n'était pas comme ça dans les deux premiers jeux) ; les sorts s'avèrent beaucoup plus utiles en plus d'être plus nombreux (Bikill et Healusall à jamais dans mon cœur <3) ; et, surtout, les musiques.

On dira ce qu'on voudra de Kōichi Sugiyama et de ses prises de position légèrement réactionnaires (je dirai même que c'était bien un résidu de fond de chiotte), mais bordel ! ce troisième épisode représente peut-être l'un de ses meilleurs travaux sur l'ensemble de la série, et la version chiptune parvient tout autant à en restituer la merveille. Écoutez le chant du Phœnix ou bien le thème du boss final, et osez me dire que ce n'est pas là un grand talent de composition ! Une fois encore, l'obligé hommage — pour la troisième fois consécutive — à Toriyama doit être fait, pour nous avoir offert des designs de monstres aussi délirant que drôles. Nous ne t'oublieront jamais, grand maître !

En conclusion, pourquoi faut-il jouer à Dragon Warrior III ? Parce qu'en dépit du support, ce jeu a réussi à briser toutes les limites que semblaient imposer la NES, grâce à une équipe talentueuse qui a su proposer une odyssée épique avec les moyens du bord. Certes, on regrettera la faible durée de vie ainsi que l'absence de véritables récits ou de personnages — dans la continuité des deux premiers jeux —, mais n'est-ce pas finalement pour nous sentir être à la place du justicier mythique ? C'est cela : dans Dragon Warrior III, le héros, c'est vous ; construisez donc votre propre légende. Un jeu légendaire pour une réputation légendaire ! (n'achetez jamais vos jeux hors-week-end, les enfants !)